À l’occasion de l’élection du nouveau pape de l’Église catholique, Léon XIV, Xavier de Verchère, aumônier général des Scouts et Guides de France, partage sa vision de ce pontificat naissant et des résonances spirituelles pour le mouvement. Un éclairage précieux sur les défis qui attendent l’Église de demain, en particulier dans sa relation avec la jeunesse.
Bonjour Xavier, en tant qu’aumônier général du mouvement, qu’est-ce qui t’a marqué dans le premier discours du Pape Léon XIV ?
Léon XIV a salué la foule par cette phrase : « la paix soit avec vous ! ». Il ne s’est pas mis en avant : il parle avec les mots même de Jésus à la Résurrection. Ensuite il a fait un hommage au pape François. Clairement, il sera dans sa continuité. Il a insisté sur l’urgence de la paix et de la justice à travers le dialogue en construisant des ponts. Il a ensuite dit sa proximité avec les souffrants en appelant à être une Église proche d’eux. Il a terminé en priant avec la foule « Je vous salue Marie ». C’était très émouvant.
Est-ce que tu penses que ce pontificat pourrait marquer un tournant pour l’engagement de l’Église auprès de la jeunesse ?
Léon XIV, comme ses prédécesseurs, sait qu’il y a aujourd’hui une option préférentielle pour les jeunes dans l’Église. Les JMJ demeurent un rendez-vous important entre le pape et les jeunes. Il cherchera à s’adresser à eux avec profondeur et pédagogie. Il a déjà parlé de l’urgence de la mission, de la synodalité, de construire des ponts, d’être des témoins du Christ. Surtout qu’en France, une nouvelle génération de jeunes arrive et demande à devenir chrétien. Le pape doit s’adresser à toutes et tous. Léon XIV semble très attaché à l’unité.
En tant que mouvement d’Église, quel rôle les SGDF ont-ils à jouer pour construire, avec ce nouveau pape, l’Église de demain ?

Il faut tout d’abord rappeler que lorsqu’on relit notre histoire comme mouvement d’Église, les SGDF se sont toujours laissé interpeller par les messages des différents papes : Pacem in Terris, Populorum Progressio, Laudato si’, etc. Cela a nous a donné ouvert des horizons nouveaux sur un solide socle intellectuel.
Clairement, notre association est un membre actif et particulièrement vivant du Peuple de Dieu aujourd’hui. Nous avons pu le dire à nos évêques à Lourdes. Nos aumôniers mondiaux de la CICS et CICG le diront aussi à Léon XIV ! Il suffit de voir le cheminement vers le baptême ou à la confirmation, l’engagement joyeux et généreux de tant de jeunes et d’adultes au nom de leur foi, grâce au scoutisme. Nous sommes aussi un laboratoire : on peut « tenter » et « tester » des options pastorales nouvelles. Enfin, je pense que notre mouvement à un rôle précurseur à jouer au niveau de la fraternité interreligieuse dans le bassin méditerranéen. N’oublions pas que le jamboree scout est un antidote à la guerre.
Dans quel contexte la nomination de ce pape a-t-elle lieu ?
Cette nomination arrive à un moment tout à fait particulier. C’est d’abord la fin du pontificat de François, un « pontificat des périphéries », proche des pauvres où il a voulu donner de grandes priorités à l’Église avec l’écologie intégrale, la fraternité mondiale, une gouvernance renouvelée. Ce conclave est arrivé dans une année jubilaire tournée vers l’Espérance. Il arrive aussi dans un contexte international sous tension : en Europe, au Proche Orient, en Afrique, où crises et guerres ne cessent de progresser et une élection d’un président américain qui secoue. L’élection du Pape Léon XIV arrive donc à un moment où notre monde n’a jamais été aussi inquiet pour son avenir.